L’alcool impacte la santé sexuelle et reproductive des femmes
Aucune quantité d’alcool ni aucun moment durant lequel cet alcool est consommé n’est sans risque pendant la grossesse1,2. Il est recommandé aux femmes enceintes de ne pas consommer d’alcool tout au long de la grossesse. Dans certains cas de dépendance à l’alcool, une réduction progressive de la consommation ou d’autres avenues de traitement peuvent être initiées puisque l’arrêt subit peut avoir des impacts graves sur la santé. Dans tous les cas, il est important de consulter un médecin.
L’exposition à l’alcool durant la grossesse peut avoir plusieurs effets sur l’enfant à naître, dont le risque de développer le trouble de l’alcoolisation fœtale (TSAF)2. La consommation d’alcool durant la grossesse est associée à une augmentation des risques de fausses couches, contractions, accouchements prématurés et autres complications (hypertension et décollement du placenta)1. Après la grossesse, la consommation d’alcool peut aussi diminuer la production de lait maternel, entrainer la fin précoce de l’allaitement ou perturber le cycle de sommeil du nourrisson1.
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Les études ne peuvent conclure que l’alcool à des effets sur la fertilité des femmes. Toutefois, les maladies liées au foie peuvent avoir un impact sur les fonctions reproductives d’une personne. Bien qu’il manque présentement de données sur le sujet, il est probable que la consommation d’alcool affecte à long terme la fertilité, considérant que les habitudes de vies d’un individu ont un impact direct sur la santé, et celle-ci, sur sa fertilité 3.
Des études ont démontré que la consommation d’alcool a un impact sur la fertilité des hommes. De plus, la consommation d’alcool des hommes aurait également un rôle à jouer dans le développement du TSAF . En effet, l’ADN des spermatozoïdes peut être affecté par une exposition à l’alcool et influencer le développement de l’enfant. Les habitudes de vie du père dans les mois précédant la conception de l’enfant, dont la consommation élevée d’alcool , peuvent affecter sa fertilité et le développement du fœtus. Ainsi, les habitudes de consommation d’alcool pendant la procréation sont une responsabilité partagée4,5.
La consommation d’alcool peut affecter la santé sexuelle et reproductive de manière positive et négative. Bien que la consommation d’alcool puisse réduire l’excitation sexuelle chez des femmes6, pour d’autres, cette substance facilite leurs rapprochements intimes7 et favorise leur désir sexuel6,8.
La consommation d’alcool à long terme est associée, tant chez les hommes que chez les femmes, à des dysfonctions sexuelles . Chez les femmes, ces dysfonctions sexuelles se caractérisent par une diminution de la lubrification, une diminution de la sensibilité ainsi qu’une difficulté à atteindre l’orgasme9,10. Étant un dépresseur du système nerveux central, l’alcool ralenti l’activité cérébrale et la circulation sanguine, ce qui peut influencer diverses réponses physiques et psychologiques telles que la sensibilité physique, la vigilance, et le jugement. Bien que plusieurs personnes perçoivent des effets bénéfiques de la consommation d’alcool sur leur vie sexuelle, ceux-ci sont souvent liés à la désinhibition sociale plutôt qu’à la réponse sexuelle . Pour plusieurs personnes, l’alcool permet de diminuer la gêne, à faciliter les rapprochements, à accroitre le désir sexuel, et à aller de l’avant dans l’exploration de nouvelles pratiques sexuelles9,10.
Le désir sexuel peut sembler diminuer lorsque l’on cesse la consommation d’alcool régulière. Si vous avez des questions ou des inquiétudes sur le sujet, consultez l’article du Club Sexu en collaboration avec le Sober Club sur le sujet !
Les risques les plus importants pour la santé sexuelle des femmes en lien avec l’alcool sont liés à la possibilité de contracter des infections transmissibles sexuellement ou par le sang lors de relations sexuelles non-protégées ainsi que de vivre de la violence, notamment sur le plan sexuel6,8. La consommation d’alcool exerce une influence sur la désinhibition et la vigilance et augmente donc le risque de se retrouver dans de telles situations. Plusieurs stratégies peuvent être envisagées pour réduire les risques associés à la consommation d’alcool dans des contextes sexuels. Voici quelques pistes à explorer pour diminuer les risques:
Différents facteurs11 peuvent exercer une influence sur la consommation d’alcool des femmes, notamment le genre , ainsi que l’orientation sexuelle. Notamment, une même personne peut se retrouver à l’intersection entre différentes formes de discriminations qui se cumulent en raison de son statut social (par exemple : le genre, l’origine ethnique, l’âge, l’orientation sexuelle, etc.).
La documentation scientifique rapporte que les personnes de la diversité sexuelle et de genre ont une consommation de substances psychoactives, incluant l’alcool, plus élevée et plus à risque que leurs pairs hétérosexuels12,13,15,16. Cette tendance est généralement associée à la culture festive propre aux communautés 2SLGBTQIA , mais plusieurs facteurs comme le stress minoritaire jouent un rôle sur les habitudes de consommation13. Les personnes de la diversité sexuelle et de genre font face à davantage d’expériences de discrimination pouvant influencer leur consommation de substances psychoactives, y compris l’alcool13,14. La recherche de connexion avec d’autres personnes de la communauté, la manière dont une personne exprime le genre auquel elle s’identifie, des attentes culturelles en lien avec l’orientation sexuelle et les lieux de rencontre restreints sont également des facteurs pouvant expliquer la consommation de substances psychoactives plus élevée chez cette population13,14.
Peu d’études se sont intéressées à la consommation d’alcool chez les personnes de la diversité sexuelle et de genre et encore moins de données sont disponibles concernant la consommation des femmes de la diversité. Toutefois, selon les données existantes, le groupe de la communauté 2SLGBTQIA+ ayant la consommation d’alcool la plus élevée ou étant plus à risque de développer une consommation problématique de substances serait les femmes bisexuelles12,14,15,16,17. Leur consommation se caractériserait par davantage d’épisodes de consommation élevée en une occasion et de polyconsommation 17,18.
Il existe peu de ressources dédiées spécifiquement à la consommation d’alcool chez les femmes de la diversité sexuelle et de genre, mais de nombreux groupes communautaires œuvrent à d’autres niveaux pour soutenir cette population.
Consultez les ressources pour en savoir plus!
[1] Paradis C, Butt P, Shield K, et al. (2023) Repères canadiens sur l’alcool et la santé : rapport final, Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.
[2] Cook JL, Green CR, Lilley CM, et al. (2016) Fetal alcohol spectrum disorder: a guideline for diagnosis across the lifespan. CMAJ Can Med Assoc J J Assoc Medicale Can 188: 191–197.
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[4] Bébé à naître : la consommation d’alcool du père a aussi des effets Available from: https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/penelope/segments/chronique/480996/sante-procreation-maladie-enfant-parentalite-pere-homme.
[5] Bendayan M, Alter L, Swierkowski-Blanchard N, et al. (2018) Toxiques, mode de vie, environnement : quels impacts sur la fertilité masculine ? Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie 46: 47–56.
[6] George WH (2019) Alcohol and Sexual Health Behavior: ‘What We Know and How We Know It’. J Sex Res 56: 409–424.
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[12] A Provider’s Introduction to Substance Abuse Treatment for Lesbian, Gay, Bisexual, & Transgender (LGBT) Individuals | SAMHSA Publications and Digital Products Available from: https://store.samhsa.gov/product/providers-introduction-substance-abuse-treatment-lesbian-gay-bisexual-transgender-lgbt.
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