La stigmatisation

80% des répondantes d’un sondage mené par l’ASPQ affirment que les femmes sont jugées plus négativement que les hommes lorsqu’elles sont intoxiquées à l’alcool1.

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Les femmes subissent un jugement plus sévère de la part des autres lorsqu’elles consomment de l’alcool. 

Le double standard en matière de consommation d’alcool est une réalité persistante qui affecte les femmes de manière disproportionnée2,3. Alors que la consommation d’alcool est valorisée chez les hommes, la consommation élevée ou, au contraire, le choix de ne pas boire, sont souvent jugés plus sévèrement chez les femmes. Cette dynamique reflète les attentes sociales et les normes de genre qui dictent les comportements attendus selon les genres. 

La stigmatisation est encore plus prononcée envers les mères, les femmes enceintes et celles qui vivent avec un trouble lié à l’alcool. 

Témoignage d'une femme sur la stigmatisation et les agressions sexuelles

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Consommation et parentalité

3 femmes sur 4 affirment que les mères sont jugées différemment que les pères lorsqu’elles consomment de l’alcool1.  

Les mères subissent une forte pression à se conformer aux rôles traditionnels, la consommation d’alcool étant souvent perçue comme un comportement irresponsable en tant que parent4. Une mère qui boit peut rapidement être qualifiée de mauvaise mère, car la norme sociale considère que la consommation d’alcool est incompatible avec l’idéal de la maternité4. Cette pression est d’autant plus forte pendant la grossesse, période durant laquelle les institutions de santé recommandent d’arrêter complètement la consommation d’alcool4,5. 

En raison de la charge mentale des mères, il n’est pas rare que celles-ci aient recours à l’alcool pour décompresser, malgré les tabous sociaux qui l’entoure6. Cette contradiction est d’autant plus frappante lorsqu’on compare la perception de la consommation d’alcool chez les pères, souvent jugée moins sévèrement et parfois même valorisée comme un moyen acceptable de relâcher la pression7.

Troubles liés à l'alcool

Les femmes aux prises avec un trouble lié à l’alcool vivent davantage de stigmatisation4. Elles doivent faire face aux attentes sociales associées à la féminité et à la maternité ainsi qu’aux stéréotypes liés à la dépendance. Être ou devenir parent tout en vivant une dépendance peut à la fois motiver des changement dans les habitudes de consommation et constituer un obstacle à la recherche d’aide. Les femmes aux prises avec un trouble lié à l’alcool sont plus susceptibles de vivre des enjeux liés à la garde de leurs enfants4,8. Ces femmes sont alors moins portées à demander de l’aide et plus à risque de vivre des situations de violence. Ces pressions cumulées les incitent souvent à cacher leurs difficultés et à retarder leur quête de soutien.

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Un frein à la recherche d’aide

La stigmatisation des femmes qui consomment de l’alcool représente un obstacle à la recherche d’aide et à l’accès aux services.

La stigmatisation entourant la consommation d’alcool chez les femmes est un déterminant de la santé et du bien-être. Elle peut engendrer des sentiments de honte, de culpabilité et d’isolement chez les femmes, incitant à cacher leur consommation et à éviter de chercher de l’aide. Cette source de stress peut aggraver leur état de santé physique et mentale4,9,10.

La stigmatisation se manifeste aussi lorsque les membres d’une communauté renforcent des préjugés et les normes de genre liés à la consommation d’alcool. Les femmes peuvent alors être confrontées à des discriminations et à des obstacles dans diverses sphères de leur vie, comme l’emploi, le logement, les soins de santé4,9,10.  

La stigmatisation peut aussi avoir une dimension structurelle et provenir des milieux de soins. Les services de santé, de traitement et de soutien accessibles aux femmes aux prises avec des troubles liés à l’alcool ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins et à leurs réalités4. Le personnel peut avoir intégré des comportements stigmatisants dans sa pratique. Ces barrières systémiques contribuent à aggraver les inégalités sociales et de santé vécues par les femmes. 

L On se fait regarder de travers quand on refuse un 𝘴𝘩𝘰𝘰𝘵𝘦𝘳 au bar. On se fait demander si on est enceinte quand on refuse de prendre un verre. On pense que notre soirée va être plate si on est la chauffeuse désignée. On minimise inconsciemment les impacts que l'alcool peut avoir sur notre santé, en riant de nos lendemains de veille. R

Références

[1] Léger et ASPQ Perception sur la consommation d’alcool 2023 – NON PUBLIÉ. 

[2] Nicholls E (2022) “There’s nothing classy about a drunk 40-year-old”: The role of ‘respectable’ femininity in the drinking biographies and sobriety stories of midlife women, In: Thurnell-Read T, Fenton L (Eds.), Palgrave Macmillan, 251–272. 

[3] Griffin C, Szmigin I, Bengry-Howell A, et al. (2013) Inhabiting the contradictions: Hypersexual femininity and the culture of intoxication among young women in the UK. Fem Psychol 23: 184–206. 

[4] Harris MTH, Laks J, Stahl N, et al. (2022) Gender dynamics in substance use and treatment: a women’s focused approach. Med Clin North Am 106: 219–234. 

[5] Aspler J, Zizzo N, Bell E, et al. (2019) Stigmatisation, Exaggeration, and Contradiction: An Analysis of Scientific and Clinical Content in Canadian Print Media Discourse About Fetal Alcohol Spectrum Disorder. Can J Bioeth Rev Can Bioéthique 2: 23–35. 

[6] Harding KD, Whittingham L, McGannon KR (2021) #sendwine: An Analysis of Motherhood, Alcohol Use and #winemom Culture on Instagram. Subst Abuse Res Treat 15: 11782218211015195. 

[7] Newman H, Nelson KA (2021) Mother needs a bigger “helper”: A critique of “wine mom” discourse as conformity to hegemonic intensive motherhood. Sociol Compass 15: e12868. 

[8] Becker JB, McClellan ML, Reed BG (2017) Sex differences, gender and addiction. J Neurosci Res 95: 136–147. 

[9] Karpyak VM, Biernacka JM, Geske JR, et al. (2016) Gender-specific effects of comorbid depression and anxiety on the propensity to drink in negative emotional states. Addict Abingdon Engl 111: 1366–1375. 

[10] Barrault M (2013) Spécificités des problèmes d’utilisation de substances chez les femmes. Psychotropes 19: 9–34. 

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